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Méthode Payot

Cette méthode de l'apprentissage proprioceptif est basée sur notre faculté à nous concentrer sur nos sensations physiques plus que sur le résultat musical. Cela permet un geste fluide dès le début. Imparfait mais fluide.

Apprendre un geste musical

Un élève veut apprendre un geste musical (vocal ou instrumental). Je vais lui le démontrer puis il va essayer de me copier. Après tout nous avons appris notre propre langue de cette manière ainsi que toutes les autres choses que nous savons faire intuitivement. L'enseignant démontre le geste plusieurs fois.

L'apprenant tente de l'exécuter en se focalisant sur ses sensations physiques. Peu importe que le geste soit jute. Oui vous avez bien lu, peu importe que le geste soit juste. Nos oreilles, nos yeux et notre capacité à copier savent très bien quand un geste est proche ou loin de celui que l'on essaye de copier. Se focaliser sur l'erreur ne sert à rien d'après moi. Par contre se focaliser sur le corps, sa relaxation, son ouverture permet de le mettre dans les conditions optimum pour recopier/apprendre ce que l'on souhaite.

Exemples de la vie courant d'apprentissage similaire

L'exemple du nourrisson apprenant à parler ou à marcher est parlant. En premier seuls des gazouillis ou bruit sans sens arrivent pendant plusieurs mois. Le bébé forme progressivement des sons, nous lui les répétons sans cesse soit directement en faisant nous-même des balbutiements ou indirectement lorsque nous parlons avec d'autres personnes. Progressivement et sans explications (le bébé ne pourrait pas comprendre la technique nécessaire pour produire un « m » ou un « o » mais il est tout à fait capable de reproduire à l'instinct ce qu'il entend. Pour cela il « prend son mal en patience » ou plutôt il fait preuve d'une tranquillité à toute épreuve. Il répète, varie, répète encore jusqu'à ce qu'il se rapproche des sons que nous produisons. Cette lenteur est possible grâce notamment au fait que nous validons parfaitement la durée de cette apprentissage. Imaginez combien il serait fou de de venir impatient car un nouveau-né ne sait pas dire « manger », « maman », ou autre. Il est donc entouré de bienveillance à l'égard de son apprentissage.

Principales difficultés pour apprendre comme cela

Pour pouvoir apprendre de manière proprioceptive nous devons faire preuve de la même bienveillance envers nous et nos échecs. Car tous ces échecs nous rapprochent toujours un peu plus de notre but. En tant qu'adulte, il nous est souvent très difficile de faire preuve de cette bienveillance dans l'apprentissage. Nous avons entretemps appris à apprendre « avec la tête ». Et elle a toujours un temps d'avance. La tête a compris le rythme que nous souhaitons exécuter, intellectuellement. Mais entre ça et la capacité de réaliser le geste musical, il y a des jours d'apprentissage parfois des mois ou des années. Nous mettons 2 ans à apprendre à marcher et commencer à parler. Cela ne choque personne. Mais un/e adulte qui veut apprendre la guitare va s'impatienter ou se trouver nul/le très rapidement. Sa concentration va essayer de trouver une solution logique à ses échecs. Ceci est sans issue. Soit la réflexion permet de maîtriser le corps pour qu'il réaliser tant bien que mal le geste mais sans aisance et sous stress ou alors la tête ne pourra pas contrôler le geste et la boucle d'échec semble recommencer. Alors qu'à chaque essai nous pouvons gagner en confiance que nous nous rapprochons du but. C'est un fait. Nous nous en rapprochons même quand nous nous trompons. Les détails des erreurs sont plus clairs, des erreurs de copie s'effacent progressivement et le geste se rapproche du modèle.

Historique de la naissance de cette méthode

Après mes études à Montreux, Boston et Lausanne, je suis parti une année avec un ami approfondir la connaissance de mon instrument et développer des relations professionnelles à Berlin. Durant cette année mes plus grands questionnements ont été : comment est-ce qu'une même note jouée par différents musiciens avec la même intensité puisse « sonner bien » ou « sonner mal ». après bien des heures d'écoutes, de réflexion, de discussions, de lecture (notamment Kenny Werner Effortless Mastery & le livre « The art of playing tennis ») mon focus s'est dirigé vers le corps et comment augmenter ma capacité de concentration et de proprioception. Cette année de recherche et d'étude m'a fait concevoir que le son « bon » ou « mauvais » était largement dû à deux facteurs :

  • nos sensations physiques ou l'absence de sensations physiques
  • la concentration intérieure qui peu se faire en direction des sensations physiques diverses ou sur notre « mental » qui peut juger tout ce qui lui passe sous la main.

Je ne pense pas que l 'on puisse « arrêter » le mental. Donc le levier qui me reste est de pouvoir me concentrer sur les sensations physiques. Et le but est de jouer avec plaisir et aisance.

Apprendre par le corps (et pas l'esprit, ou moins...)

Lorsque qu'on regarde un/e musicien/e accompli jouer la plupart du temps les mots pour décrire cela sont : « aisance », « intensité », « faire corps avec son instrument », « n'est q'un/e avec son instrument ». Pour moi tout est là : faire corps. L'artiste et l'instrument semblent n'être qu'une seule et même chose. Les notes sortent comme de la personne elle-même sans qu'elle aie d'effort à fournir. Cela est vrai pour tous les artisan/es. Lorsqu'ils/elles sont d'un haut niveau ce même lien se fait, la facilité, la fluidité et le corps impliqué à 100 % sans effort.

Qu'est ce qui nous empêche de faire corps ? Ce qu'on appelle « le mental », l'effort intellectuel, la tentative de contrôler avec l'esprit le corps pour effectuer un geste donné et la lutte émotionnelle pour y arriver. Les enfants de moins de 8 ans (environ) semblent exempts de cette approche/tare. Ils répètent, répètent, répètent jusqu'à ce que le geste devienne fluide tout en s'amusant durant le processus. Ils sont dans le processus et non pas en dehors en train de voir ce qu'ils pourraient contrôler pour que le geste soit appris. La différence est énorme : faire corps avec le processus ou être en dehors et tenter de le contrôler.

Origine hypothétique de cette manière d'apprendre

Pour apprendre ainsi l'élève doit avoir un modèle qu'il/elle voit et peut copier. Nous avons appris à marcher, parler, utiliser nos mains de la sorte. Par la copie directe et sans explication. Notre façon de marcher, de parler et de bouger est largement influencée par celle de nos parents. Nous n'avons eu aucun cours là-dessus, personne ne nous a dit de leur ressembler. Nous avons pourtant assimilé des détails très précis dans le ton de la voix, la formation des voyelles, les mouvements du corps, l'équilibre. Ces détails font que nous leur ressemblons et effectuons des gestes que nous pouvons répéter facilement : ouvrir une porte, boire, manger, parler, se lever, marcher, courir.

Les « accents » régionaux sont un exemple frappant d'un apprentissage « par le corps » et sans explications techniques : fin de la formation des voyelles, des consonnes, des hauteurs, du timbre et du rythme. Nous avons l'accent de « chez nous » ou de l'endroit où nous vivons depuis un certain temps. Pourtant nous ne nous y sommes pas entraîné/e. Au fil du temps nous avons copié avec de plus en plus de précisions les détails techniques d'un accent par la perception, l'exposition répétée à cet accent. Nous sommes fait pour recopier les mammifères qui nous entourent. Nous n'avons pas disséqué la technique vocale de cet accent, nous ne nous sommes pas « concentré dessus. Il est simplement « venu ». Il est venu car nous sommes fait pour copier les gens qui nous entourent. Nous savons le faire depuis notre plus jeune âge. Un nourrisson bengali parle bengali et un nourrisson allemand parle allemand. Il copie ce qui l'entoure sans aucune connaissance de la technique vocale nécessaire pour se faire. Et il/elle y arrive. Cela prend du temps mais au final cela se fait à la perfection sauf difficultés importantes d'apprentissage.

Avantage de la méthode « apprendre par le corps »

Cette méthode permet de réaliser les gestes musicaux avec aisance et un minimum de réflexion. Le geste est confortable car il a été appris avec aisance tout au long du processus. Donc l'aisance n'arrive pas à la fin du processus mais est présente tout du long. Vous pouvez donc « débrancher » quand vous jouer car votre « tête », disons votre intellect n'a pas besoin d'être là car elle n'a pas eu le contrôle durant l'apprentissage.

Nous sommes fait pour apprendre par le corps. L'intellectualisation des concepts est intéressante pour … les concepts intellectuels pas les actes physiques. Les choses que l'on doit faire avec le corps, on les apprend « par le corps ». Cela demande du temps, beaucoup de répétitions, d'erreurs, d'exposition régulière à des modèles. Et cela amène de l'aisance, de la capacité à reproduire sans se « creuser  la tête » et de la confiance. Lorsque vous parlez, vous ne vous demandez pas si tel ou tel mot va sortir juste ou pas, vous enchainez les phrases en suivant le rythme de votre pensée, idem lorsque vous mangez, buvez, ouvrez une porte, marchez. Cela se déroule sans le contrôle de l'intellect et cela fonctionne parfaitement.